Le charme de l’hiver [et ses petits plaisirs anti-morosité]

De mes racines italiennes à ma Provence natale, je suis une fille du soleil. Frileuse, je dépéris loin de mon astre lumineux et me ravive sous les caresses de sa chaleur au retour des beaux jours qui réveillent mon corps engourdi de leur baume apaisant. Mais à moins de vivre sous les sunlights des tropiques (la chanson grisante prête à vous trotter dans la tête, c’est cadeau… Oh ça va, pas la peine de me remercier), on n’échappe pas aux persécutions de la saison froide. Et cette année, l’hiver est particulièrement pervers, parsemant inlassablement le pays sous la grisaille polluée de son flot de microbes mordants, de son vent plus que glacial, de son givre périlleux pour les pilotes du dimanche et de son froid polaire quand la neige joue à cache-cache, s’invitant là où on ne la convoite pas et se laissant désirer sur les cimes montagneuses. Mais comme je suis bien décidée à ne pas laisser la frustration gâcher les moments de grâce fugaces tricotés par le royaume hiver, j’ai rejoint la team de ma copine Frau Pruno qui a fait de son blog escarpins et Marmelade une citadelle pour combattre la morosité ambiante. Me voilà donc prête à relever son défi « Rêves d’Hiver » pour exhumer les quelques menus plaisirs de mon hibernation.

Une photo de paysage hivernal…

Ah les beaux paysages blanchis par la neige ! A petites doses, j’aime les pays givrés qui me font rêver. Parmi les villes du grand froid, il en est une, la belle Saint-Pétersbourg, particulièrement chère à mon cœur russophile depuis qu’il a été enrôlé par les soldats Tolstoï et Tchaïkovski. Ce cliché de contes de fées capturé lors d’une balade au palais de l’Hermitage par un temps avoisinant les -21C° (rassurez-vous, une bonne dose de vodka aide au réchauffement climatique) me rappelle mon inoubliable évasion hivernale en amoureux dans la cité des tsars, majestueuse dans son voile de brumes qui s’élève des eaux gelées de la Neva. C’était le temps reculé où Chéri Chéri et moi n’étions esclaves que de nos envies de voyage, loin, très loin du cahier de doléances de mon apprenti-dictateur « mamaaaaan quand c’est qu’on arrive, qu’on mange, qu’on joue, qu’on rentre, qu’on voit un ours, un loup, un poisson, je suis fatigué, bras, bras, bras, braaaas ! ».

L’hiver en un mot

Vous n’allez sans doute pas me trouver bien originale mais en hiver, le premier mot qui me vient à l’esprit est « cocooning ». Quand approchent les premiers frimas, j’ai une soudaine envie de faire pipi et de me moucher d’hiberner en me glissant dans le doux cocon d’un chalet calfeutré. Et hop voici en prime la liste de mes 6 p’tits plaisirs à la mode Hibernatus :

1. M’emmitoufler dans de grands pulls tout doux et de grosses chaussettes en pilou (NB : chaussettes pilou = causes potentielles de divorce) ;
2. Lire tout près d’un feu de cheminée en observant la valse des flocons tourbillonnant devant la fenêtre ;
3. Dévaler à fond les pentes alpines et rentrer les joues rosies par une journée saine au grand air, prête à savourer crêpes, gaufres et chocolats viennois sans culpabiliser ;
4. Préparer de bons gâteaux et sentir la chaleur du four envahir doucement la cuisine tandis que les narines se noient dans un orgasme jubilatoire à l’odeur du chocolat ;
5. Humer avec délice les effluves enivrantes des jacinthes ;
6. Ne plus risquer de suicider un orteil en marchant imprudemment pieds nus sur un Lego abandonné puisque les pantoufles (rappel : attention au choix, divorce potentiel) sont de rigueur.

Toujours pas convaincus ? Vous ne trouvez pas assez funky toutes mes histoires de petit nid douillet au pays de la reine des neiges ? Alors voici du lourd pour récalcitrants allergiques à l’hiver : mon deuxième synonyme d’hiver est… « Tropiques » ! Parce que si la neige et toute sa clique, ça va bien cinq minutes, Chéri Chéri n’a pas eu à parlementer beaucoup pour me convertir aux joies du bikini au cœur des vacances d’hiver. Je suis encore toute émue au souvenir de sa première demande en reconversion touristique,  il y a quelques années : à peine avait-il fini sa proposition que je consultais fébrilement les sites des compagnies aériennes direction la route du rhum (à ne pas confondre avec route du rhume au même moment en métropole). Et c’est ainsi que carnaval, salsa, plage et snorkeling ont remplacé sans regrets neige et glisse pendant la pause hivernale répondant aux doux noms d’Antilles, Mexique, Seychelles, Afrique du Sud (on n’est pas toujours partis sous les tropiques mais on s’en fiche tant qu’on rentre dans l’hémisphère estival).

Et tant pis pour vous si vous avez réservé au Pôle Nord pour les prochaines vacances, fallait pas me chercher.

Mon plat d’hiver favori

Je m’essouffle les amis, je n’ai jamais su choisir mes gourmandises par ordre de préférence mais là tout de suite, j’ai une folle envie de choucroute garnie…

Un prénom d’hiver

Olga : j’aime la sonorité de ce vieux prénom slave rempli de poésie, comme une invitation à la rêverie sur fond de paysages givrés.

Une chanson d’hiver

Là je sèche… Je n’aime pas particulièrement les chansons qui ont pour thème l’hiver. En revanche, en mode hibernation j’écoute pas mal de musique classique – les ballets de Tchaïkovski, les valses de Johann Strauss et les opéras de Verdi – et de comédies musicales anglo-saxonnes.

Mon côté midinette penche en ce moment pour le Beau Danube Bleu qui me rappelle le splendide concert auquel j’ai eu la chance d’assister un certain 1er janvier 2010 au Palais de la Hofburg à Vienne…

Et sinon pour casser l’ambiance extérieure glaciale, j’aime me laisser bercer par des chansons teintées de blues comme The Handsome Family – Far from Family Road, la BO du générique de la série True Detective saison 1 que j’ai, soit dit en passant, adoré !

Mon cinéma d’hiver

Alors cette fois-ci, je peux répondre sans l’ombre d’une hésitation : mon film hivernal préféré est le Docteur Jivago de David Lean. Ce chef d’œuvre dramatique adapté, assez librement à vrai dire, du roman de Boris Pasternak, nous entraîne dans la Russie du début du XXème siècle à la rencontre de Youri Jivago, un docteur poète, tiraillé entre deux femmes qu’il aime sur fond de révolution d’octobre et de première guerre mondiale.

Petite histoire dans la grande, ce film est une fresque romanesque et poétique des tourmentes de la société Russe du siècle dernier. Certes, c’est l’Histoire de la Russie vue par Hollywood mais la reconstitution est magnifique, les décors sont sublimes, les paysages des étendues glacées de Russie grandioses et le film demeure une puissante fresque entre violence du régime du tsar et violence des bolcheviques.

Des livres pour l’hiver

C’est en hiver que je trouve le courage de m’attaquer aux gros pavés de la littérature classique et bien souvent j’en suis récompensée. Pour le coup, des livres sur le thème de l’hiver, j’en ai lu beaucoup, et pour la plupart je les ai dévorés, des grands classiques donc mais aussi des policiers, des livres noirs, des romans historiques, des chick lit et même des livres inavouables. Parmi mes lectures hivernales préférées, je retiendrais Anna Karénine de Tolstoï, Les Hauts de Hurlevent de Emily Brönte et Rebecca de Daphné du Maurier.

Et le prochain roman hivernal sur ma liste ? Glacé de Bernard Minier, lecture prévue dès la fin de mon bouquin en cours…

Dans mon dressing hivernal

On finit par une petite touche de glamour pour faire plaisir à notre french modeuse Frau Pruno ! Ceux qui me suivent sur Instagram ont pu apercevoir l’un de mes manteaux fétiches en hiver : il est doux, très chaud et élégant mais je n’ose même pas en parler ici tant je crains d’essuyer les foudres du peuple Vegan. Je vous présente donc la petite panoplie de collégienne anglaise qui égaye mon dressing hivernal : une jupe kilt en laine Burberry et le petit chemisier coton assorti avec, en prime, mon pull couleur café beaucoup moins classe depuis qu’une mite en a fait son repas l’hiver dernier. J’aime porter cet ensemble avec des bottes en journée ou avec mes escarpins Guess le soir venu (NB : puissant antidote contre les envies de divorce).

Houhouuuu ! Il y a encore quelqu’un ici ou vous avez tous disparu sous l’avalanche de mes digressions hivernales ? J’invite les rescapés de mes rêves d’hiver à venir se réchauffer autour de mes petits plaisirs d’été ici.