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« Un singe dans la neige »

 

Il était une fois, au Japon, un singe en hiver. Pétrifié de froid sous les flocons de neige, le petit macaque part, sur les conseils d’une grue, à la recherche du printemps pour que sa famille n’ait plus jamais froid. A travers son mystérieux périple entre mont Fuji et océan, il nous emmène à la découverte d’un Japon féerique, à la rencontre d’une nature merveilleuse peuplée de mythes et légendes populaires nippones.

Voilà donc un conte initiatique qui rend hommage, à travers une histoire simple aux magnifiques illustrations pop-up, à quelques uns des plus beaux emblèmes de la culture japonaise…

La grue de Mandchourie – ce grand échassier a donné naissance à la légende des mille grues qui raconte qu’au  pays de l’origami, construire dans l’année une guirlande de mille grues de papier froissé permet d’exaucer ses vœux de santé, d’amour ou de bonheur.

Le mont Fuji (qui signifie « éternité ») – représenté ici tout en majesté et en simplicité tels que se le figurent les Japonais – est un volcan éteint au caractère sacré selon la tradition nippone. De nombreuses références mythologiques et religieuses sont rattachées à ce toit du Japon à la beauté parfaitement symétrique.

Les maneki-nek – les chats porte-bonheur nippons sensés attirer les clients et faire rentrer l’argent dans la caisse des commerçants.

Le dragon japonais – également appelé Ryû ou Tatsu – très présent dans le folklore nippon. Ce n’est pas un hasard si l’auteure a représenté ce dragon au bord d’un océan déchaîné puisque cet animal mythique au long corps serpentin sans ailes et à la tête ornée de cornes, n’est autre que le dieu des mers, symbole de la puissance de l’océan.

Le macaque du Japon ou singe des neiges, en référence à son épaisse fourrure blanche, est un primate rare, malheureusement en voie de disparition. S’il est  morphologiquement adapté au froid en raison de son environnement montagnard très rigoureux l’hiver, le Macaca Fuscatta a quand même choisi une agréable solution pour se prélasser réchauffer entre novembre et mars : la baignade dans les surprenantes sources thermales chaude nippones. Les onsens, ces sources volcaniques réputées pour leurs propriétés thérapeutiques, sont naturellement présentes dans l’habitat de ces drôles de singes hyper relax que l’on rencontre du côté de Nagano, plus précisément dans le Joshin Etsu Kogen National Park de la ville de Yamanouchi.

Les sakuras – les pittoresques cerisiers du Japon aux éphémères floraisons printanières qui ont le don de sublimer, par leurs chatoyantes couleurs blanches et roses, les chemins de promenades menant entre autres, aux temples et autels du pays.

Sous le charme de ce conte d’hiver

Vous l’aurez compris, « un singe dans la neige » ou l’art de voyager au pays du soleil levant à travers un joli conte poétique illustré par de sublimes pop-up, est mon gros coup pour ce premier trimestre 2016.

Cette histoire tendre et simple permet de faire découvrir le Japon aux enfants autrement que par le biais des jeux vidéos, des livres kawaii et autres mangas à la mode. La narration en elle-même n’a rien d’exceptionnel mais les merveilleux pop-up doubles sont un véritable régal pour les yeux tant par leurs délicates découpes que par leurs teintes très douces.

Fardés principalement de gris et blanc pour la nature enneigée et rouge pour les constructions avec ça et là quelques touches de vert pour la renaissance et de rose pour le côté vivant, les pop-up illustrent de façon ludique le charme de ce lointain pays aux riches légendes pour le plus grand plaisir des petits… Et des grands. Car mon lutin est bien entendu littéralement tombé sous le charme de ce curieux livre animé qu’il me réclame régulièrement depuis deux mois, émerveillé et plein de questions au bout des lèvres à chaque fois qu’une scène jaillit sous ses yeux.

Pour résumer, ce petit conte très court aux illustrations assez incroyables, c’est tout le charme d’un livre hivernal qui place l’image avant le texte, à savourer bien au chaud sous la couette en attendant un prochain voyage, pour de vrai cette fois, au pays du soleil levant.

Les thèmes abordés

Voyage, Japon, imaginaire et poésie, conte, quête, animaux, hiver, nature

 Pour quel âge ?

De 3 à 7 ans

 Un singe dans la neige

Éditeur : De La Martinière Jeunesse (collection livres animés)
Auteur : Elmodie
Format de l’album : 14 pages Pop-up / 23 x 16 cm
Parution : 5 novembre 2015
Prix : 18 euros

Pour aller plus loin :
la véritable légende des singes des neiges

Il y a très longtemps, vivaient des samouraïs. Dans ce lointain Japon, il y avait plusieurs clans de samouraïs. Les batailles étaient fréquentes. Un des clans, tout au nord du Japon, était particulier car ses samouraïs savaient parler aux animaux. Ils avaient des espèces favorites tel les harfangs qui pouvaient leur servir d’espion, car en volant haut dans le ciel, ces oiseaux pouvaient les prévenir si des ennemis s’approchaient. L’autre espèce était les macaques. Comme ils étaient plus petits que les hommes, ces singes pouvaient se faufiler n’importe où sans se faire voir. Ils dérobaient même la nourriture aux ennemis sans qu’on ait eu à leur montrer.

 Mais une année, il y eut un hiver très froid. Si les plumes des harfangs les protégeaient bien de la froidure, les pauvres macaques gelaient, leur fourrure étant trop courte… Beaucoup moururent de froid. Les samouraïs inquiets ne savaient pas quoi faire pour protéger leurs petits amis. Ils essayèrent de leur fabriquer de chauds manteaux, mais les singes ne les aimaient pas, car ils gênaient leurs mouvements. Comme les hiboux et les chouettes sont reconnus pour être des sages, le shogun décida de consulter le roi des harfangs.

 – Ô grand roi blanc, vois dans quel embarras nous sommes. Nos amis, vos amis, les macaques, sont en train de mourir, car ils sont sensibles au froid… Que pouvons-nous faire?

Le roi des harfangs avait bien une idée, mais il ne la dit pas tout de suite au shogun, car il n’était pas sûr qu’elle réussirait. Il réunit peu après tous ses harfangs et leur parla ainsi : Harfangs des neiges, nous devons tenter quelque chose pour sauver nos amis les macaques… J’ai bien une idée, mais cela pourrait être très dangereux. Qui veut m’accompagner ? Tous les harfangs ululèrent pour dire qu’ils étaient tous volontaires… Et l’on vit une grande nuée d’oiseaux blancs et bruns s’envoler très haut dans le ciel, en direction du soleil.

 Ils volèrent longtemps, très longtemps, et arrivèrent près du soleil… Les plumes les protégeaient de la chaleur aussi bien qu’elles les préservaient du froid de l’hiver, mais ils devaient faire vite, car le soleil est quand même très chaud… Chaque harfang prit dans son bec un tout petit morceau du soleil, et chacun reprit ensuite le chemin du Japon…

Les harfangs déposèrent tous leur parcelle de soleil aux pieds du Shogun, et bientôt, la neige fondit tellement qu’elle forma un petit lac, et comme les morceaux de soleil étaient vraiment très chaud, l’eau de ce petit lac était bien confortable, même en plein hiver…

 Les samouraïs portèrent les macaques encore vivants, mais trop faibles pour marcher dans cette source d’eau chaude, et la chaleur les aida bientôt à reprendre toute leur vigueur. Et la chaleur de ces parcelles était si intense, que l’on trouve encore de nos jours de ces sources d’eau chaude où les macaques frileux peuvent aller se réchauffer.

 

C’était ma participation à « Chut les enfants lisent » de Yolina