Je ne lui dirai pas que mes certitudes
Et mes repères ont volé en éclat en une nuit.
Il ne sait pas que des innocents ont été fauchés
Par les armes d’assassins sanguinaires,
Que leur seul crime était d’aimer la vie,
Que des barbares ont frappé là où le cœur se fêle.
Il ne verra pas sa chère tour Eiffel pleurer nos morts,
Et que ce qu’il reste d’humanisme en ce monde
Partage notre indicible douleur.
Je ne lui dirai pas que ce petit garçon de 18 mois n’a plus de parents,
Que ce jeune papa a rejoint les étoiles parce qu’il aimait la musique,
Que cette maman ne reviendra pas d’une fête d’anniversaire,
Que ce violon reste muet depuis que son propriétaire est tombé sous les balles.
Je lui cacherai mes larmes, mes peurs et ma rage.
Il ne saura pas que nous sommes en guerre,
Que la lutte contre l’ennemi sera longue
Et que le pire est sans doute à venir.
Je ne lui dirai pas que mon cœur terrifié tremble pour lui,
Horrifiée de le voir grandir dans ce monde effroyable.
Quand il part au combat, c’est pour nous assaillir de chatouilles,
Vaincu, il est prisonnier de câlins,
Son arme secrète, le déluge de bisous.
En ce jour de deuil national,
Je veux préserver son âme angélique,
Je veux lui cacher la haine meurtrière des hommes,
Mais pour combien de temps réussirai-je encore à le préserver ?
Maman À Dada ! a écrit
Je ne leur dirai pas non plus.
Mais je leur dirai d’aimer, de respecter, de partager !
Lucie-Rose a écrit
Oui, c’est en éduquant ainsi les enfants qu’on pourra peut-être améliorer le monde de demain…
WonderMômes a écrit
Même si je n’avais rien dit, ils en ont parlé à l’école….
Lucie-Rose a écrit
Tes enfants sont plus grands… Malheureusement, plus nos enfants grandissement et plus il est difficile de les préserver en les laissant dans leur bulle d’insouciance.
Mayette a écrit
J’avais écrit un billet dans le même esprit que le tien après l’attentat de Charlie hebdo. Nos enfants sont encore trop petits pour comprendre quoi que ce soit à tout ça. Nous n’habitons pas à Paris et notre quotidien n’est en rien modifié par ce drame. Petite Cigogne ne voit pas de gens qui pleurent dans les rues, d’ambulances, d’hommes armés en plus grand nombre. Alors à quoi servirait,à deux ans et demi, de lui expliquer une réalité qu’elle ne voit pas? Préservons-les tant que nous le pouvons et gavons-nous de leur innocence!
Lucie-Rose a écrit
Je suis bien d’accord avec toi. J’ai remarqué un renforcement de la présence policière à Lyon mais heureusement Lutin est trop petit pour remarquer quoi que ce soit…
sourismaman a écrit
<3 très beau texte, moi le mien sait…sa sortie a été annulé et il m'a demandé de nouveau pourquoi? c'est tellement difficile d'employer des mots simples, n'engendrant pas de peur…bises
Lucie-Rose a écrit
J’imagine la difficulté que tu as eu à choisir les bons mots. Ton grand est encore si petit…
maman pilou a écrit
C’est si dur de garder la face devant mon Pépito. Nougatine est trop petite. Mais lui… Il m’a vue pleurer. Il a fallu lui expliquer. Une histoire très triste de méchants qui font du mal à des gentils. Je préfère qu’il entende ça de moi car à l’école tous les enfants de GS savaient et avaient des termes, comment dire? Inadaptés à leur âge: terroristes, attentats!!! Je ne sais pas d’où il a sorti ça mais il a dit à sa maîtresse « qu’ils avaient tiré dans la fosse »!!!! Nous qui faisons si attention car il est hors de question de le laisser entendre ce genre de choses d’une violence extrême. Heureusement quand je lui en ai parlé il ne se souvenait absolument pas d’avoir dit ça. Ouf! J’espère qu’il n’a retenu que ma version soft ainsi que celle de sa maîtresse qui est une excellente pédagogue.
Lucie-Rose a écrit
Heureusement que Pepito a oublié les informations « crues » pour ne retenir qu’une version adaptée à son âge et à son niveau de compréhension. Je suis choquée que des parents puissent laisser leurs enfants si jeunes se heurter à à une vérité qui n’est pas de leur âge…
Nos caprices de filles a écrit
Magnifique ce texte, les filles sont trop petite heureusement je ne saurai pas comment leur en parler…
Lucie-Rose a écrit
C’est une chance dans le malheur qui nous frappe…