Dans la bibliothèque de Lutin, je vous présente…
Ludo le Crado
Voici l’histoire d’un petit garçon qui déteste se laver. Quand il doit prendre une douche après une longue journée passée à jouer, il reste une seconde sous l’eau avant de se sauver. L’eau est trop froide. Et puis il n’aime pas se sentir mouillé. Jour après jour, il devient sale et commence à sentir mauvais, faisant fuir ses camarades. En revanche, il attire une multitude de mouches, puis de microbes aux couleurs éclatantes et aux formes étranges qui grouillent sur tout son corps. L’enfant ne s’en émeut point jusqu’au jour où bizarrement, il ressent une irrépressible envie de se gratter… Pour se débarrasser de ces redoutables bactéries, il devra apprendre à composer avec l’hygiène en se réconciliant avec sa pire ennemie, l’eau.
Ce livre jeunesse est mon très gros coup de cœur du mois de septembre !
L’auteure, Khoa Le, s’inspire d’un thème simple et banal – un petit garçon qui n’aime pas se laver – pour concevoir un récit fantastique empreint de poésie, de féerie et même d’amour. Hymnes à l’imagination et à l’invisible, les très nocifs microbes, de petits monstres multicolores pullulant dans la crasse, semblent à la fois sympathiques et terrifiants. Ils deviennent nuisibles par leur simple présence et surtout leur refus de déguerpir malgré la panique de l’enfant dont ils ont pris possession. Ce récit est aussi plein de tendresse suggérée entre un petit garçon et sa maman qui devient son ultime refuge quand son cas semble désespéré. Loin de fuir son enfant devenu dégoûtant après lui avoir désobéi, celle dont le visage reste un mystère le cajole et le soigne affectueusement. Et puis malgré le cadre enchanteur et poétique, l’histoire reste concrète aux yeux des plus jeunes car elle « parle vrai » : à la fin du récit, le petit garçon ne se met pas à soudainement aimer l’eau ou la propreté mais il comprend que si la toilette quotidienne est pour lui une contrainte désagréable, elle reste indispensable à la préservation de sa bonne santé.
Cet album est la version simplifiée pour tout-petits du manga asiatique dans toute sa splendeur. Transformant le réel en merveilleux, les illustrations constituent un moment de grâce visuelle, mêlant fantaisie et personnages de toute beauté dans un voyage au pays de l’infiniment petit, quelque part entre le rêve et le cauchemar. Ludo est totalement kawaii avec son joli visage enfantin, ses grands yeux noirs, son petit nez légèrement retroussé et sa jolie bouche toute rosée.
La richesse graphique du contenu m’a emportée et je me suis perdue dans la contemplation de ces magnifiques dessins, peuplés d’êtres étranges, un peu comme dans un songe surréaliste. Les textes courts s’effacent devant les illustrations qui se passent de commentaires pour notre plus grand plaisir. Cette prouesse visuelle commence d’ailleurs dès la couverture réalisée en 3D, réussissant à attirer mon attention parmi les centaines de livres posés sur les étagères de la librairie et fascinant à chaque fois mon loulou.
Lutin aime le moment privilégié du bain et n’a jamais rechigné à se laver les mains, bien au contraire. Avec une maman ultra obsédée par la propreté, il a rapidement intégré les notions d’hygiène élémentaires. Je ne lui ai donc pas présenté ce livre dans un soucis éducatif, si ce n’est pour lui faire comprendre que nous ne sommes pas toujours conscients de notre environnement, qu’un monde invisible, celui de l’infiniment petit notamment, échappe à nos cinq sens. Mon loulou a observé avec beaucoup d’attention ces petits monstres colorés et a demandé à le lire plusieurs jours de suite. Puis d’un coup, il l’a rejeté comme la peste et j’ai pris conscience à quel point cet album l’avait marqué quand il m’a confié avoir un peu peur de le toucher, peur de le laisser dans sa bibliothèque, peur de l’ouvrir et que les microbes s’échappent de la page pour se propager dans sa chambre. Alors il a fallu expliquer que les livres n’ont pas ce pouvoir magique mais ça, c’est une autre histoire…
Au final, le seul reproche que je pourrais faire à ce livre, c’est son titre très terre-à-terre « Ludo le Crado ». Voilà un titre qui manque à mon sens de poésie et de finesse par rapport aux illustrations et à l’atmosphère dégagée par l’album. D’ailleurs, le fameux titre ne se compose que du prénom de l’enfant dans les traductions anglaise (Grubby qui signifie accessoirement crasseux) et italienne (Simone). Moi, je l’aurais bien appelé Chihiro ou Hauru parce qu’il me fait penser aux personnages des fabuleux films d’animation de Hayao Miyazaki. Je termine par un lien vers le site web de Khoa Le, l’artiste vietnamienne auteure de cet album et dont l’univers me fascine !
Les thèmes abordés
L’hygiène, la tendresse, l’imaginaire et la poésie, l’invisible, les contraintes
Pour quel âge ?
De 3 à 6 ans
Références
Éditeur : Nuinui
Auteur : Khoa Le
Format de l’album : 28 pages / 29 x 26 cm
Parution : 21 mai 2015
Prix : 15,90 euros
C’était ma 4ème participation au rendez-vous « Chut les enfants lisent » de Yolina.
Maman Clémentine a écrit
C’est vrai que les illustrations à la fois tendres et kawaii sont une vraie réussite. J’aime beaucoup.
Lucie-Rose a écrit
Une jolie découverte due au hasard 🙂
sourismaman a écrit
quel beau livre ! les illustrations plairaient assurément à mon filou 🙂 Je n’ai pas encore lu ce style avec lui….tu me donnes envie de le découvrir, je note avec celui du dino
Lucie-Rose a écrit
Je ne connaissais pas cette maison d’édition suisse mais apparemment il ont de très beaux livres pour les petits et les plus grands !
WonderMômes a écrit
Les illustrations sont superbes !
Lucie-Rose a écrit
D’où mon coup de cœur !
Nos caprices de filles a écrit
Il a l’air marrant ce livre, les illustrations sont magnifique il faut que je l’achète aux filles 😀
Lucie-Rose a écrit
Les illustrations sont vraiment superbes !