Les Seychelles : un fabuleux voyage de noces au paradis [#1 La Digue]

Imaginez un cosmos d’îles éclatantes de soleil, perdues dans des lagons tièdes aux eaux turquoises et offrant de longs rubans de plages désertes, aujourd’hui sanctuaires des merveilles venues du début des temps. Les Seychelles, ce refuge du bout du monde pour amoureux en mal d’isolement, déploie ses 115 îles granitiques ou récifs coralliens sur 400.000 m2 au cœur de l’océan indien, quelque part entre Maldives et Madagascar.

Partir dans l’archipel des Seychelles, c’est rechercher la sérénité et retourner aux sources de la vie, au cœur des îles les plus anciennes de la planète. Partir aux Seychelles, c’est aussi s’évader dans le nid des oiseaux endémiques les plus rares de ce monde comme le Bulbul merle ou la Pie Chanteuse des Seychelles, là où la moitié du territoire est classée en réserve naturelle afin de protéger ce don du ciel. Partir aux Seychelles, c’est enfin vivre un voyage initiatique dans un Eden éternel oublié des cyclones, là où la poésie s’invite, quand aussi  loin que porte le regard, aucune terre ne vient rompre l’accord parfait du ciel et de la mer.

 Comme un pied de nez à la tristesse du ciel lyonnais de cette fin de semaine, je replonge dans mes souvenirs de jeune mariée et me revois caboter d’îles en îles, à la découverte de cet archipel féérique classé parmi les trois plus beaux du monde. Si vous voulez bien me suivre, je vous emmène à La Digue, première escale de mon merveilleux voyage de noce.

La Digue, l’une des îles les plus admirées et les plus convoitées au monde. Ce petit paradis de 15 km2 est devenu mythique grâce à une seule plage, Anse Source d’Argent, la plus belle plage du monde au regard des photographes de mode qui y ont jeté leur dévolu depuis plus de 50 ans. Mais moi, je n’ai jamais réussi à retranscrire sur l’image la beauté à couper le souffle de ce bout de terre admiré dans le monde entier. Est-ce mon amateurisme en matière de photographie ? Est-ce de la faute de mon vieil appareil photo de l’époque ? Sans doute un peu des deux. Mais peut-on vraiment rendre compte en image de cette beauté si irréelle que même nos yeux ont du mal à l’absorber…

La Digue, c’est un îlot-village au charme suranné de 3.000 habitants, une douceur de vivre au quotidien, une atmosphère intimiste où la pendule s’est arrêtée. Alors on prend le temps de l’arpenter cette île, à pieds, en vélo ou en traditionnel char à bœufs. Ici, les véhicules à moteur s’affichent comme une espèce en voie de disparition, à l’exception de rares taxis et véhicules utilitaires. Au détour d’un chemin, on se sent tout petit devant les arbres séculaires aux racines noueuses rejoignant une armée de lianes tombant du ciel.

Et on se laisse attendrir par les Seychellois qui offrent généreusement leur sourire aux touristes en quête de bien-être. Ici une mère berçant son bambin gazouillant sur son sein et là des anciens qui saluent les cyclistes d’un jour que nous sommes en triquant au calou, cette boisson locale réalisée à base de sève de cocotier fermentée. Car au-delà des rivages paradisiaques qui bordent « l’eau salée », comme les créoles baptisent poétiquement l’océan indien, ce qui fait le charme des Seychelles, c’est sa population tout à la fois charmante, pétillante et accueillante. Une population métissée et fière de sa créolité, fruit d’un étonnant brassage entre colons, français et anglais, et descendants d’esclaves déportés de force de l’Afrique continentale et de Madagascar. Au passage, on admire du bout des yeux les jardins fleuris de bougainvilliers blancs et fuchsia qui cascadent le long des murs, et les plages désertiques dont les noms sonnent comme autant d’invitations à la flânerie – anse fourmis, anse banane, anse cocos, anse songe, anse sévère… Ça ne s’invente pas !

Puis on délaisse un moment les plages pour s’aventurer dans la Veuve Réserve, une réserve ornithologique qui abrite les derniers couples de Gobe-Mouches Noir de Paradis (appelé ‘Veuv’ en kreol). Nous ne les avons pas bien distingués parmi leurs congénères au milieu de la végétation luxuriante mais nous y avons croisé de merveilleux siffleurs.

Et maintenant, direction l’Union Estate, à la conquête de l’éblouissante Anse Source d’Argent. Pour accéder à ce bijou seychellois, on arpente une vaste propriété privée, une cocoteraie autrefois exploitée pour son huile de coco et aujourd’hui transformée en immense musée de plein air. La visite commence par le vieux cimetière de la Digue, dont les tombes en ruine témoignent de l’histoire de l’île avec leurs inscriptions en français que le temps et la mousse ont grignotées. Inutile ici de chercher les tombes des esclaves noirs. Seuls les colons blancs y avaient leur place. C’était l’époque où les deux mondes ne se rencontraient pas, ou alors dans le secret de la nuit quand maitres blancs et servantes noires se conjuguaient pour donner naissance à de futurs métisses au destin incertain.

 Mais la priorité du maitre, c’était d’agrandir sa fortune, laquelle était accrochée au sommet du cocotier. Au croisement d’un chemin, on bifurque donc vers l’huilerie où une petite usine permet de retrouver les gestes ancestraux nécessaires à la fabrique de l’huile de coco. Des travailleuses débarrassent la noix de coco de son étoupe à la main puis les coupent en deux pour en extraire la pulpe qui deviendra coprah une fois séchée dans un calorifère. Ce coprah sera ensuite pressé dans un antique moulin dont la meule est actionnée par un bœuf.

 A côté, trône la grande maison coloniale au toit de palmes du maître. Elle servit de décor au film « Goodbye Emmanuelle » que François Leterrier tourna avec la sulfureuse Sylvia Kristel. Appartenant au chef de l’Etat seychellois, elle fut aussi la résidence estivale de bien d’autres chefs d’Etat comme Tony Blair, Bill Clinton ou Jacques Chirac. Si on ne peut pas la visiter, on sent dans l’air comme une agréable odeur de vanille. Ce sont bien des gousses que l’on aperçoit accrochées au tronc des arbres voisins quand d’autres sont lissées par les ouvrières avant de brunir au soleil.

Un peu plus loin, au pied d’un énorme rocher dit the giant rock, une quinzaine de tortues géantes sommeillent devant le touriste amusé.

Encore quelques pas et l’on pourra s’extasier sur le site exceptionnel de Anse Source d’Argent, là où le plus vieux granit du monde semble avoir dégringolé des douces collines jusqu’à l’océan dans les temps anciens, dans un équilibre instable tellement surnaturel qu’on le croirait sorti d’un décor hollywoodien en carton pâte. Nous sommes là, au cœur d’une forteresse de quelques 650 millions d’années. Ici, le bleu turquoise de l’eau limpide du lagon contraste avec le sable d’une blancheur éclatante et le rose du granit, lequel prend invariablement un reflet flamboyant au soleil couchant. Voilà pourquoi la Digue fût nommée « l’Île Rouge » lors de sa découverte en 1744 par Lazare Picault. Bien que cette plage payante (la seule de l’île) soit forcément fréquentée, j’ai été heureuse de constater que ce matin là, à marée basse, on arrivait facilement à se retrouver seuls au monde, blottis entre deux rochers célèbres et un cocotier.

Se perdre entre les roches, se laisser caresser par le soleil, se baigner dans le lagon tiède avant d’enlacer à nouveau ces vieilles dames de pierres polies par les siècles, usées par les baisers de l’océan qui part et revient inlassablement à marée montante, tel un amant insatiable, se perdre dans l’immensité de l’océan… Et il est déjà temps de rentrer à l’hôtel, du rêve plein les yeux, plein les mains et plein le cœur, presque trop heureux de ces moments uniques de communion avec la Nature.

C’était mon coup de cœur « voyage & mer » de ce cinquième jour de « la semaine pour rêver de la mer ». Les autres participants sont :

• Maman Clémentine qui nous raconte ses belles vacances en famille à Canet en Roussillon
• Mayette nous emmène au sublime lagon de Balos en Crète