Je viens de rencontrer la directrice de l’école maternelle qui accueillera mon lutin en septembre prochain, autant dire dans une éternité à l’échelle de son jeune âge. Mon bébé devient grand et ses premiers pas à l’école maternelle que je redoute tant, je les sais pourtant bénéfiques à sa construction de petit homme. Bienveillante, la Directrice parlait… Beaucoup… expliquait la philosophie de cette vieille institution privée lyonnaise et sa conception de l’éducation. Ses valeurs, je les partage et pourtant l’angoisse était là, comme un tourment indicible noué au creux de l’estomac, jusqu’à ce qu’elle prononce quatre petits mots de rien du tout, « l’heure des mamans ».
L’heure des mamans, voilà bien une expression que je n’avais pas entendue depuis peut-être trente ans, une formule prononcée de façon anodine mais qui, d’un seul coup, a explosé dans ma mémoire, faisant rejaillir tant de précieux souvenirs d’autrefois. A l’heure des mamans, je me revois maintenant petite fille, dans ce doux cocon de l’enfance, pleine d’entrain avec mes copines après une journée de découvertes, d’apprentissages, de jeux et de cris dans la cour de récréation, théâtre des plus belles amitiés comme des plus franches chamailleries. A l’heure des mamans, la maîtresse effaçait les dernières traces de craie sur le tableau noir, j’enfilais mon cartable et retrouvait maman devant le grand portail vert de l’école. Et tous mes camarades retrouvaient aussi leur maman… Et toutes les mamans papotaient devant le portail en nous attendant. Tous les jours les mêmes gestes rassurants, des bisous aux mamans, des au-revoir aux copains, des cartables jetés sans ménagement sur le siège de la voiture au temps où la ceinture à l’arrière n’était pas obligatoire. L’heure des mamans, c’était l’heure des câlins, l’heure de raconter sa journée, de dévoiler fièrement ses exploits mais d’omettre l’épisode où la maitresse s’était fâchée, l’heure de dévorer son goûter, ce délicieux pain au chocolat croustillant accompagné de son jus de fruit frais, l’heure des devoirs d’écoliers vite expédiés pour mieux jouer en attendant papa – ici apprendre une poésie de Jacques Prévert, là réviser la leçon de grammaire avant de préparer la dictée de demain.
L’heure des mamans, ces quatre mots rassurants ont effacé toutes mes craintes. Emportée par la magie de l’heure des mamans, j’ai visité la future école maternelle de mon enfant avec un regard bienveillant. J’ai aimé le sourire indulgent de la maîtresse de petite section. La grande chambre accueillant ces rangées de petits lits personnalisés par chaque parent pour la sieste de son enfant m’a apaisée, ces petites tables rondes et ces dessins naïfs sur les murs dans la salle de classe m’ont attendrie. Réconfortée, je sais désormais que mon bébé, mon enfant vivra de belles heures dans cette école maternelle où il forgera ses premiers souvenirs d’écolier. Il n’aura pas classe le mercredi, comme moi il y a longtemps. Il peindra et apprendra à écrire son nom, comme moi autrefois. Et puis à l’heure des mamans, je viendrai le chercher comme maman venait me chercher jadis et ensemble, nous construirons celui qu’il deviendra demain. Alors, si les saisons mutent, si les époques changent, si les technologies évoluent, si l’éducation fluctue et si le monde tourne plus vite, certaines choses restent immuables, perpétuant les souvenirs d’hier et de demain, comme l’heure des mamans.
marie a écrit
Comme c’est si bien dit, encore une autre façon d’ouvrir la cage à l’oiseau et le laisser s’envoler ! Bon courage maman car cela sera une nouvelle étape dans la vie !
Maman raconte a écrit
Merci ! Laisser l’oiseau s’épanouir mais ne pas s’envoler tout de suite…
WonderMômes a écrit
Très beau billet 😉 L’heure des mamans si sacrée pour nos loulous 😉
Maman raconte a écrit
Et que de souvenirs pour les grands !
La vie en Tisanie a écrit
bon, et du coup, je ne peux m’empêcher de m’insurger….chez nous, on appelle ça ‘l’heure des papas et des mamans’…certes un peu plus long, mais un peu moins discriminant!
(bon ok, il y a toujours plus de mamans que de papas dans le lot, mais il y en a toujours quelques uns!)
En tous cas, c’est vrai que c’est une bien jolie manière d’appeler la fin de la journée et le moment des retrouvailles!
Maman raconte a écrit
C’est vrai que lorsque la directrice a appelé l’heure de la sortie « l’heure des mamans », je me suis aussi fait la réflexions « Et les papas ? », y voyant une certaine discrimination. Je pense qu’elle a conservé cette vieille appellation par tradition et aussi parce que cette école est fréquentée par des enfants dont la plupart, pour ne pas dire la totalité des papas ne peuvent malheureusement pas venir chercher leurs enfants à la sortie. En revanche, beaucoup de mamans ont cessé leur activité pour se consacrer entièrement à la vie de famille et quand elles travaillent, ce sont en règle générale les nounous qui prennent le relais pour ne pas laisser les enfants en garderie péri-scolaire trop longtemps. Donc dans cette école appellation la plus juste serait « l’heure des mamans ou des nounous »…
Cécé from Aix a écrit
Très joli texte. Mais, je preferais que ce moment soit appelé « l’heure des parents ». D’ailleurs, personnellement je ne suis allée chercher ma fille qu’une fois à 16h30 depuis la rentrée. Je suis plutôt une habituée de « l’heure de la fin de la garderie quand les Atsem metttent un dessin animé pour canaliser les enfants ». Et son papa va la chercher à 16h30 une semaine sur deux. Parce que le monde évolue et qu’on n’est pas que des mamans.
Très bons préparatifs de rentrée et bonne soirée.
Maman raconte a écrit
Effectivement « l’heure des parents » eut été moins discriminant et « l’heure des mamans et des nounous » eut été plus réaliste dans le cas de cette école mais ce n’est pas ainsi que que la Directrice a nommé l’heure de la sortie. Et je pense que si elle avait parlé de « l’heure des parents », l’expression ne m’aurait pas fait l’effet d’une madeleine de Proust, elle ne m’aurait pas renvoyée à ma propre enfance. C’est la magie de ces mots qui m’a apaisée et qui m’a inspirée ce texte parce que justement, il y a 30 ans on ne parlait que de l’heure des mamans. Alors même si je suis contente que les papas soient aujourd’hui aussi impliqués que les mamans dans la vie de famille, là n’était pas l’objet de mes divagations provoquées par une expression resurgie d’une autre époque.
Nos caprices de filles a écrit
Très beau ce que tu dis, ça rappelle des souvenirs ^^ la mienne aussi rentre à l’école cet année sa va être plus dure pour moi que pour elle lool
Lucie-Rose a écrit
Finalement, tant mieux si ça se passe mieux pour eux que pour nous ! Mieux vaut les voir contents et se lamenter en secret… Le contraire serait dramatique !