A force butiner sur le net, j’ai fini par tomber sur des parents ennemis de l’Education Nationale parce qu’ils défendent leur droit d’instruire eux même leurs enfants. Loin de se laisser intimider par les principes de Jules Ferry qui de toutes les façons ne leur fera pas grand mal tout occupé qu’il est à manger les pissenlits par la racine, ces 40 000 adeptes de l’Instruction en Famille (IEF pour les intimes) plébiscitent le homeschooling comme principe d’éducation. Vous pensez bien que ce petit club des hérétiques de l’Education Nationale a titillé ma curiosité naturelle. J’ai donc virtuellement plongé quelques temps dans leur monde et leurs expériences, histoire de vérifier si par hasard je n’aurais pas privé mon enfant d’une opportunité extraordinaire. La recherche fut fort instructive…
L’instruction en famille : un OVNI dans le monde de l’éducation
Vous saviez, vous, que c’est l’instruction et non l’école qui est obligatoire en France ? Oui M’sieurs-Dames, même après que la loi de Jules Ferry a rendu obligatoire l’instruction le 28 mars 1882, le choix du mode de cette instruction est toujours demeuré une liberté parentale fondamentale inscrite dans le Code français de l’éducation, voire même dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 (article 26-3 : « Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants »).
Bien entendu sur les 12 millions d’élèves de 3 à 16 ans que compte la France, seuls les parents d’une poignée d’entre eux ont saisi l’occasion pour les instruire en toute légalité hors du système scolaire traditionnel, qu’il soit publique ou privé. Ils seraient ainsi 40 000 petits Français, marginal me direz-vous mais enfin l’équivalent tout de même d’une ville comme Chartres, à faire l’école à la maison, la plupart inscrits dans un établissement à distance reconnu par le ministère de l’Éducation nationale comme le CNED, dans des cours privés agréés, et certains (3000 d’après un article paru sur Top Santé.com le 6 mars dernier) instruits exclusivement par leurs parents.
Alors pourquoi est-ce que je vous parle d’IEF ? Parce que minorité ou pas, je trouve ces parents très présents sur le net et en particulier sur la blogosphère, les forums de discussion et les réseaux sociaux, prêchant à tout va la philosophie qui les motive. Et puis parce cette liberté est de plus en plus menacée par nos élus qui trouvent ce droit pernicieux à certains égards. Bref, voilà un sujet polémique parfait pour réveiller mon blog !
Pourquoi ont-ils choisi la déscolarisation ?
Avant de savoir comment les parents renégats de l’Education Nationale instruisent leurs enfants, j’avais surtout envie de comprendre leurs motivations. Après tout, moi aussi je veux ce qu’il a de mieux pour mon fils, j’aime me rendre disponible pour passer du temps avec lui et lui apprendre les richesses de ce monde mais je n’ai pas pour autant pris la tangente même si mon choix s’est exclusivement porté sur l’école privée (pour des raisons dont je parle ici).
Vous savez quoi ? Il y a à peu près autant de raisons de pratiquer l’Instruction en Famille que de familles concernées. On n’est pas rendus si je commence à vous énumérer tout ce que j’ai pu lire, des arguments les plus sagaces à ceux qui me rendent plus que perplexe. Mais comme j’ai appris à l’école de Jules Ferry (et toc pour ses détracteurs) à être synthétique (ouais, plus ou moins vue la longueur de ce billet), je vous propose d’en dégager quelques grandes lignes…
Parce que certains parents n’ont pas eu le choix
Dans certains cas particuliers de maladie, de handicap physique ou mental occasionnant de sévères troubles du comportement, l’instruction en famille ou via un établissement à distance apparaît comme la seule solution parce que les enfants sont en grande souffrance, en situation d’échec ou tout simplement rejetés des établissements scolaires classiques. Des pathologies comme l’autisme, la dyslexie, l’hyperactivité, la phobie scolaire ou la précocité (ce n’est pas là une pathologie à proprement parler mais elle peut être mal vécue en milieu scolaire) peuvent provoquer des troubles de l’attention ou du comportement quelquefois si envahissants qu’ils mettent ces enfants « différents » en échec scolaire, au point de pousser leurs parents (ou les institutions) à les déscolariser, parfois en cours d’année. Quel parent ne tenterait pas un autre mode d’instruction ou une pédagogie plus adaptée pour mettre un frein au gâchis humain et sauver coûte que coûte l’avenir de son enfant ?
Parce que le mode de vie familiale est incompatible avec l’école
Tout plaquer et partir faire le tour du monde pendant toute une année, un doux rêve ? Pas pour certains baroudeurs qui ont fait le choix de vivre une expérience unique en famille. Ceux-là aussi déscolariseront leur progéniture le temps d’une année, ou deux, organisant l’école sur un bateau ou dans un camping-car pour ne rien perdre des acquis scolaires de leurs enfants d’ici au retour à la vie sédentaire – sur les bancs de l’école pour les plus jeunes – des images plein la tête et riches pour la vie d’une belle parenthèse qui les aura fait grandir autrement. Comment refuser une déscolarisation momentanée en échange d’une expérience familiale et humaine rarissime, sinon par vilaine jalousie ?
En revanche, je suis beaucoup plus réservée lorsque le mode de vie nomade choisi par les deux parents (gens du voyage ou forains par exemple) est définitivement incompatible avec une scolarisation classique. Entre mettre ses enfants en pension loin de soi et leur imposer un mode de vie itinérant qui les retient loin de l’école ou les trimbale d’établissements en établissements au détriment de la réussite scolaire, le choix est cornélien pour un résultat pas forcément satisfaisant.
Parce que le système traditionnel n’est pas adapté à la vision de l’apprentissage de ces parents-précepteurs
Ils sont nombreux parmi les non-scolarisants (non-sco dans leur jargon), les parents d’enfants sans pathologie qui défendent l’apprentissage en famille parce que c’est une alternative à une institution scolaire qu’ils considèrent comme défaillante, même s’ils n’adoptent pas tous un discours ultra-négatif sur l’école. Parmi tout ce que j’ai pu lire, j’ai retenu quelques arguments qui me semblent galvaniser bon nombre de ces parents précepteurs :
« S’opposer au système éducatif de l’Education Nationale »
Pour beaucoup de ces parents IEF, la gratuité de l’école n’est pas un signe de qualité. Citant Montaigne selon lequel « enseigner ce n’est pas remplir un vase mais allumer un feu », ils estiment que l’école d’Etat échoue dans la transmission des savoirs, offre beaucoup mais apporte peu de façon durable. Ils déplorent que la réussite scolaire ne se résume qu’à des manuels scolaires (dont le programme n’est d’ailleurs pas toujours jugé pertinent avec leur conception de la vie) bien maîtrisés, appris « bêtement », quand l’expérience de la vie apporte son flot d’apprentissages et de culture pour peu qu’on laisse à l’enfant la possibilité d’approfondir autant de centres d’intérêt que possible en éduquant son potentiel (Maria Montessori si tu me lis…).
Les plus extrémistes iront jusqu’à clamer que l’instruction d’Etat « tend à remplacer l’indispensable période d’épanouissement intellectuel et personnel de l’enfance par une période de gavage de connaissances et de compétences utiles à l’appareil économique, l’école n’étant plus qu’une préparation à l’entreprise de la maternelle à l’université » (si si, j’ai vraiment trouvé ça sur le net, quand je vous dis que je suis perplexe !)
Mais outre dénoncer la passivité de l’enfant-écolier devant des méthodes d’apprentissages qui au mieux formateraient et au pire annihileraient son cerveau ainsi que son appétit de vivre et de découvrir, méprisant son sens critique et sa curiosité naturelle, ces familles déplorent les effectifs trop importants des classes incompatibles avec un suivi individualisé et le respect de la singularité de chacun afin que ces adultes en devenir trouvent leur plus tard leur voie.
Ils regrettent accessoirement la faible place réservée aux parents dans le système scolaire ainsi que les devoirs et notations qui n’ont rien de rassurant, relevant plus de la compétition et de la standardisation qu’ils dénoncent que de l’instruction. D’ailleurs, ces mêmes parents déplorent bien souvent le manque de temps libre et de jeux accordés aux enfants scolarisés dont on ne respecterait pas, au passage, le rythme biologique et qui, à trop être contraints, ne peuvent définitivement pas s’approprier par eux-mêmes (dixit par l’expérimentation), un savoir durable.
C’est parmi ces familles opposées au système que l’on trouvera les enfants instruits exclusivement par leurs parents et, parmi eux, le plus grand nombre de « unschoolers », c’est-à-dire de parents qui ont abandonné toute forme d’apprentissage scolaire classique et formel pour favoriser l’apprentissage autonome de l’enfant en cultivant sa curiosité innée au travers des jeux et situations vécues au quotidien : faire des maths et de la chimie en pâtissant, de la géographie à l’occasion d’un voyage, de l’anglais en regardant un film… Ah quelle belle enfance ! Ces parents plébiscitent souvent les écoles dites alternatives parce qu’elles, au moins, reposent sur le fonctionnement de l’apprentissage libre et autogéré, dans le respect du rythme et de l’individualité propre à chaque enfant (en voilà un beau concept si culpabilisant pour les parents du clan des moutons de Panurge, moi la première !). Mais comme ces écoles sont rares, chères et souvent éloignées du domicile, les parents unschoolers s’en remettent à « l’école de la vie » (au moins c’est poétique comme expression).
« Retirer son enfant d’un environnement malsain »
Si les parents frondeurs ne remettent pas forcément en cause l’investissement et le mérite des enseignants, ils reprochent bien souvent à l’Institution Scolaire de faire baigner les enfants dans un environnement violent où les insultes, les impolitesses, l’arrogance et les mauvais comportements sont légion. Ils revendiquent leur droit de faire grandir leurs enfants dans un climat qu’ils disent plus paisible, plus respectueux et loin du harcèlement scolaire qui fait couler beaucoup d’encre et parfois de sang, au collège notamment.
Certains parents déplorent également le niveau « navrant » de la plupart des élèves scolarisés dans leur secteur où les profs ont des difficultés à faire cours quand les parents ont démissionné. En soustrayant leur progéniture de cet environnement néfaste, ils espèrent leur permettre d’assouvir leur envie de savoir et de comprendre sans être stigmatisés comme des rivaux ou des prétentieux.
Une pédagogie ief décomplexée mais contrôlée
Il y a autant de façons de faire l’école à la maison qu’il y a de familles IEF, voire même d’enfants au sein de la même fratrie (décidément, elle part dans tous les sens mon enquête) : des parents qui imposent une discipline quasi militaire à leurs rejetons et sélectionnent les contenus en plaçant la barre nettement au dessus des programmes scolaires à ceux qui défendent le « unscholling » sans enseignement dirigé (cette fameuse instruction informelle acquise au gré des envies des enfants, vous me suivez toujours), il y a toute une ribambelle de familles qui optent pour un enseignement plus ou moins progressif, plus ou moins structuré, plus ou moins souple, moins que plus aisé à cataloguer en somme.
Cependant, ils se retrouvent presque tous (Alléluia alléluia !) dans la conviction que…
« Tout parent serait capable d’instruire lui-même son enfant »
Selon l’association Les Enfants d’Abord qui représente des familles très diverses ayant fait le choix de l’IEF, l’atout essentiel des parents instructeurs est leur engagement éducatif, bien avant leurs moyens financiers et leur niveau d’instruction. Et oui, les parents IEF sont formels : au diable les diplômes car même sans formation préalable, même avec un niveau d’études modeste, chaque parent serait capable d’assumer l’instruction de son rejeton de la maternelle à la terminale, au même titre qu’il a été capable de lui apprendre à parler, à être propre et à marcher ! Parce qu’une fois qu’on a compris comment son enfant apprend, il s’agirait moins de lui restituer un savoir que de l’accompagner pour lui donner les clefs qui développeront de son aptitude à chercher, à trouver, à observer, ce qui le conduira vers une autonomie grandissante lui permettant de s’approprier le savoir par lui-même.
Des outils pédagogiques à la portée de tous ?
Pour les unschoolers qui contestent l’enseignement formel, normatif et standardisé, le parent est tout sauf un professeur, ce qui facilite grandement leur sentiment de pouvoir assumer eux-mêmes l’instruction de leurs enfants. Certains vont même jusqu’à carrément refuser de fournir l’instruction car fournir, c’est le MAL, c’est-à-dire enseigner, c’est orienter, c’est imposer, c’est tuer la curiosité (Diable que ce corps professoral !). Forts de leurs réflexion, ils comptent bien s’en sortir en s’inspirant des méthodologies de leurs illustres prédécesseurs en matière de pédagogies dites alternative comme Cuisenaire, Doman ou la star des stars Montessori.
Pour autres les parents IEF, la grande majorité, la démarche est plus classique et va des cours par correspondance – en intégralité ou à la carte (après tout, le parent IEF est directeur académique de son foyer) – à l’utilisation de supports scolaires ou non, jusqu’aux apprentissages informels. Ces parents connectés affirment pouvoir facilement accéder à l’information recherchée grâce à Internet : entre les sites gouvernementaux qui dévoilent programmes scolaires et évaluations, les encyclopédies en ligne, les sites spécialisés en l’histoire ou en art, finalement, ils ont le sentiment d’avoir accès à tous les outils des enseignants. Ils s’appuient également sur les bibliothèques et médiathèques ainsi que les Centres Régionaux de Documentation Pédagogique (CRDP) destinés à développer et à promouvoir les ressources pédagogiques auprès des enseignants mais également accessibles aux particuliers (à petit prix parait-il). La télévision n’est pas en reste avec ses programmes culturels ainsi que les promenades dans les musées, sites naturels ou monuments historiques.
Un contenu qui reste très flou
Le problème, c’est que j’en suis toujours au même point dans mes recherches : sur les blogs, j’ai vu beaucoup de réflexions idéologiques et de conseils sur ce que doit être une bonne pédagogie (comment apprendre et à quels rythmes) mais pas grand-chose de concret à me mettre sous la dent au niveau du contenu sélectionné (enfin si un petit peu mais je garde quelques exemples pour le prochain billet, histoire de vous tenir en haleine).
Et si les adeptes de l’IEF étaient réticents à parler du contenu pur et dur de l’instruction parce que justement chacun a son idée sur ce qui est nécessaire et superflu dans ce fameux contenu et qu’il ne faudrait pas que l’Education Nationale vienne fourrer son nez plus que de raison dans leurs affaires ? Le comble c’est que finalement, ceux qui se lâchent le plus sur leur contenu, ce sont les plus radicaux, c’est-à-dire les unschoolers qui sont contre toute forme de travail scolaire formel et donc toute forme de programme pré-établi !
Mais des contrôles imposés par la loi
Liberté du choix de l’instruction oui, mais pas dans n’importe quelles conditions ! La France exige que chaque enfant ait acquis un socle minimal de connaissances, de culture et de compétences communs à tous, l’idée étant qu’à l’âge de 16 ans, ils possèdent un niveau d’instruction comparable aux enfants scolarisés, c’est-à-dire au moins équivalent à celui d’une classe de troisième.
Les parents doivent donc se soumettre à des formalités afin de faire connaître la situation de leurs enfants. La loi leur impose d’envoyer une lettre à la mairie et à l’inspection académique quinze jours avant la rentrée des classes à partir des six ans de l’enfant, quand l’instruction devient obligatoire. Outre la visite au domicile d’une assistante sociale tous les deux ans, des inspecteurs de l’Education Nationale contrôlent alors – en théorie tous les ans mais pas toujours en pratique (faute de moyens ou d’intérêt ?) – l’instruction délivrée par les parents, histoire d’éliminer toute suspicion d’absence d’instruction. Il peut arriver que des familles où le niveau des enfants a été jugé insuffisant soient sommées d’inscrire leur progéniture à l’école. Dans le cas de cours par correspondance agréés, l’inspection académique reçoit directement les bulletins « scolaires » des enfants.
Pour satisfaire les inspecteurs d’académie, les parents-instructeurs sont invités à conserver des « preuves » qu’une instruction est bien donnée même si l’écrit n’est pas forcément que qu’il y a de plus prisé en IEF. Alors ils espèrent que les outils pédagogiques qu’ils possèdent, les livres empruntés, les billets d’entrées lors des sorties culturelles, les photos des activités et les travaux manuels feront l’affaire. Toutefois ce contrôle s’effectue parfois aussi au moyen de tests et d’évaluations, ce qui provoque bien souvent la colère des familles IEF : non seulement elles jugent ces examens intrusifs, voire traumatisants pour les plus jeunes qui, affirment-elles, subissent un « mini bac » chaque année, mais en plus elles déplorent que les inspections et les attentes qui en découlent se limitent aux comparaison avec les programmes des cycles scolaires, faisant fi des autres choix éducatifs. Et c’est comme ça qu’on retrouve des parents récalcitrants devant les tribunaux pour avoir refusé de laisser leur enfants passer des tests de niveau pendant un contrôle pédagogique au motif que ces tests ne sont pas exigés par la loi (ah les joies des vides juridiques !) et qu’il n’est pas censé y avoir une quelconque obligation de niveau à atteindre pendant la période d’instruction obligatoire, excepté à l’âge de 16 ans (ceci dit, si on doit tout apprendre entre 15 et 16 ans, je dis ça, je ne dis rien…).
Ma presque conclusion sur l’ief…
J’arrive à présent au terme de la première partie de mon billet sur l’instruction en famille. J’espère vous avoir fait découvrir un univers éducatif parallèle, à la fois étrange, plein de surprises et d’interrogations. J’aurais presque le sentiment, en me relisant, que le sujet n’est pas aussi explosif que je vous l’annonçais. Certes le petit monde des persona non grata de l’Education Nationale ne nuit a priori pas à la société qui les ignore le plus souvent. Mais cette pratique qui peut sauver la scolarité d’enfants « bannis » de l’école est-elle vraiment une chance pour les autres au point que la maman que je suis décide de tout plaquer pour faire l’école à la maison ? Retrouvez la suite de mes réflexions dans mon billet « L’instruction en famille, une opportunité dangereuse ? partie 2 ». Mon avis y est sans concessions, d’aucuns diront cinglant mais exprimé au nom de la même liberté que celle qui conduit les parents instructeurs à choisir une autre voie éducative pour leurs bambins.
Et sinon, voici quelques associations qui vous accompagneront si vous rêvez de l’instruction en famille comme d’une bouée de secours pour votre enfant en souffrance scolaire : LAIA, CISE, UNIE, COLLECT’IEF, Le portail de l’IEF, Parents instructeurs de France
papafamilyblog.com a écrit
tout choix est respectable , il suffit d’avoir de solide connaissance
Lucie-Rose a écrit
Pas tout à fait d’accord : la liberté de choisir est plus que respectable mais je ne pense pas que certains choix éducatifs le soient. Il n’y a qu’à voir les choix de non scolarisation des filles à la mode dans certains pays ! Quant aux connaissances, encore faudrait-il se mettre d’accord sur le terme « solide »…
Escarpins et Marmelade a écrit
Merci pour cet article, très complet je trouve! Je ne suis pas contre l’éducation à domicile, à condition que les contrôles aient bien lieu pour vérifier que l’enfant apprend bel et bien quelque chose avec ses parents.
J’aimerais savoir, si en réalité, les inspecteurs vérifient bien le contenu de ce type d’éducation.
Lucie-Rose a écrit
C’est bien là la difficulté que ces contrôles, une épreuve pour les inspecteurs comme pour les parents : comment vérifier sans tester et comment tester sans heurter parents et enfants ? Quelle valeur accorder aux « preuves » d’éducation, comment vérifier un contenu d’éducation sans intrusion ? Et puis sur quels programmes évaluer l’éducation fournie quand parents et inspecteurs ne sont pas d’accord sur le contenu de cette éducation ?
Calouve a écrit
Le problème de l’éducation nationale, c’est qu’elle ne s’adapte pas aux enfants, c’est aux enfants de s’y adapter. Si la plupart y arrivent, d’autres ne s’y sentent pas bien, et pour eux, c’est probablement une bonne idée… je ne suis pas sure que tous les parents soient capables de mener à bien l’instruction de leurs enfants, mais j’espère que ceux qui font ce choix le sont 😉 personnellement, si je devenais millionnaire, je retirerais mes enfants de l’école dans scrupule, pour la simple et bonne raison qu’on partirait faire le tour du monde!
Très intéressant ton article en tout cas, hate de lire la suite 🙂
Lucie-Rose a écrit
C’est effectivement le problème de l’éducation nationale qui, à vouloir éduquer en masse, laisse forcément des enfants sur le bord de la route. Moi aussi je doute que tous les parents soient capables d’instruire leurs enfants et j’en reparlerai bientôt.
Mitchka a écrit
article très intéressant. j’ai beaucoup de mal à avoir une position tranchée sur le sujet … perso j’ai fait ma seconde par correspondance parce que ma mère ne voulait pas que j’aille au lycée du coin qu’elle ne trouvait pas à la hauteur… et ce fut ma meilleure année, je me suis ouverte à plein de choses (actualité, politique, art…) et en 10 mois j’ai lu 36 livres !!
Après je pense que faire toute sa scolarité comme ça, à huis clos avec ses parents, c’est étrange aussi … il faut être bien sûr qu’on fait ça pour son enfant et pas pour soi.
Lucie-Rose a écrit
Merci pour ton témoignage ! Tu as effectivement très bien occupé ton année césure et je trouve personnellement les raisons de cette IEF tout à fait compréhensibles mais les réserves que tu soulignes sont très problématiques à mon sens !
Raphya a écrit
l’instruction en famille, ce n’est pas « à la maison »: musées, ateliers, rencontres, sport, ma fille de 5 ans participent à de nombreuses activités en compagnie d’autres enfants d’âges variés, et d’adultes. un meilleur reflet de la société.
ce n’est pas plus « l’huis clos » que d’être enfermé 8 heures par jour avec des enfants exclusivement du même âge !
Libre à chaque famille de déléguer ou non l’instruction de ses enfants à l’Etat, c’est la Constitution qui le dit.
Lucie-Rose a écrit
J’ai volontairement éludé la question de la « socialisation » qui a fait beaucoup couler d’encre entre les pro-école et les IEF. Ça viendra bientôt…
Raphya a écrit
Je vois mal comment des personnes ne pratiquant pas l’ief dans leur famille peuvent avoir un avis sur la socialisation des enfants non scolarisés dont elles ne connaissent pas la réalité.
Nous avons la possibilité, grâce aux associations notamment (vous avez parlé de LED’A) , d’organiser des rencontres ponctuelles ou régulières.
Certaines familles se retrouvent jusqu’à plusieurs fois par semaine, proposent des spectacles de fin d’année,… rien de moins qu’à l’école.
Pourquoi le libre choix interpelle t il à ce point?
Raphya a écrit
un article (belge)
http://apprendre-en-famille.be/et-concretement-la-socialisation/
Lucie-Rose a écrit
Pourquoi être autant sur la défensive et vous sentir à ce point agressée ? Je comprends que vous souhaitiez défendre vos choix mais il ne me semble pas avoir encore donné un quelconque avis sur la socialisation des enfants IEF vs les autres. J’ai, pour le moment, essayé de rester plutôt neutre et mesurée dans mes propos même si on sent bien dans mon article que le véritable unschooling me choque (mais après tout, les unschoolers ne représentent qu’une petite partie des familles IEF en France). Vos arguments sur la socialisation des enfants IEF ainsi que ceux de l’article que vous citez, je les connais par coeur pour les avoir lus de nombreuses fois et il ne me semble pas avoir écrit que les enfants IEF étaient moins sociables que les autres. J’ai personnellement réfléchi à ces fameuses questions de socialisation puisqu’elles ressortent de façon récurrente quand on aborde le thème de l’ief mais ce n’est pas dans ce billet que j’en parlerai et mes propos ne seront de toutes les façons pas aussi négatifs que vous semblez le penser. Il y a d’autres aspects de l’IEF qui me gênent bien plus que la socialisation.
Quant à savoir pourquoi le libre choix interpelle autant, je dirais que c’est un comportement tout simplement citoyen : je trouve tout à fait sain de se poser des questions sur les pratiques en vigueur dans notre société et d’en débattre. L’instruction étant un sujet qui me touche particulièrement en tant que maman, il me semble normal de m’y intéresser. La critique et le débat font aussi partie des libertés de ce pays même si elles peuvent effrayer ceux qui ont peur d’une remise en cause de la législation par les temps qui courent.
Reb a écrit
Ton article est très intéressant et très complet.
Quand je lis les blogs IEF je suis parfois surprise de voir à quel point ils peuvent être scolaires pour certains et novateurs pour d’autres.
Au final l’important est que l’enfant suive un apprentissage adapté à ses besoins et ses capacités pour qu’il ne soit pas mis en échec à mon humble avis
Lucie-Rose a écrit
Merci ! Je suis totalement favorable à l’EIF lorsque les enfants sont en échec scolaire dans le système traditionnel.
Margarida Llabrés Rotger a écrit
J’attends ton deuxième volet 😛
Lucie-Rose a écrit
Il viendra un peu plus tard que prévu, en décembre ou janvier… J’ai quelques sujets sur le feu à faire passer avant avant qu’ils ne « périment » 🙂
EzEvEl a écrit
Hello,
Pour ma part si ce n’était pas l’argent qui me retenait je le ferai.
Mon ainé me l’a même réclamé (alors que je ne lui en ai jamais parlé)
Lucie-Rose a écrit
Contrairement à ce que j’ai pu lire ici et là, l’IEF est effectivement coûteuse si on veut miser sur la qualité.
mayette a écrit
Je comprends les parents qui font le choix de l’instruction en famille pour un tour du monde ou parce que leur enfant n’arrive pas à s’adapter au système scolaire.
Cependant, dans l’instruction en famille, j’ai aussi l’impression qu’on « manipule » l’enfant en ne lui transmettant que les savoirs et valeurs qu’on peut/veut transmettre. Sous couvert de liberté de l’enfant, se cache souvent la volonté parentale exclusive…
Je me souviens d’une adolescente de 4e, qui revenait dans le système classique, après de longues années d’IEF. Cette gamine n’a pas pu lire le Horla avec ses camarades parce que sa mère a estimé que le livre était trop violent et traumatiserait son enfant. Et ensuite, elle l’a retirée du collège parce que nous n’étions pas assez « bienveillants ». Est-ce que l’enfant a eu son mot à dire? Je n’en suis pas vraiment sûre…
Lucie-Rose a écrit
Merci pour ton témoignage ! Il y a aussi dans l’éducation nationale des partis pris, ne serait-ce que parce qu’il faut faire des choix parmi ce qu’on enseigne, la quantité de culture à découvrir étant quasi sans limite. Mais ce que tu me dis ne m’étonne pas du tout ! J’ai lu des témoignages de parents IEF qui m’ont révoltée en tant que maman et citoyenne et je ne doute pas que certains parents tout-puissants puissent manipuler leurs enfants via l’IEF.
Raphya a écrit
Est ce que vos enfants ont leur mot à dire qd vous les mettez à l’école?
ESt ce que les programmes de l’Education Nationale ne sont pas des partis pris??
Lucie-Rose a écrit
Bien entendu qu’il y a des partis pris dans l’Education Nationale même si l’institution se veut généraliste, comme il y en a aussi dans l’éducation parentale au sens large (pas que dans l’instruction), dans les écoles privées ou dans l’éducation religieuse (ou son absence d’ailleurs) pour ne citer que ces exemples. La quantité de culture existante est tellement immense que le choix (forcément inévitable) est déjà en soi un parti pris… Cela dit, les parents qui s’impliquent dans la scolarité de leurs enfants ont, à mon avis, une marge de manœuvre confortable pour donner leur avis ou approfondir certains sujets auprès de leurs enfants lorsque leurs convictions ne correspondent pas à celles enseignées ou lorsque les enseignements constatés sont en deçà de leurs attentes… C’est d’ailleurs aussi la confrontation entre les points de vue qui fait aussi la richesse d’une éducation. En revanche, même si je ne doute pas que la majorité des parents IEF essaient d’ouvrir leurs enfants de manière large sur le monde et sa culture, il y a aussi des cas réels de pratiques plus que douteuses voire des endoctrinements dénoncés (souvent en rapport avec les pratiques religieuses d’ailleurs) : dans ces cas précis, quel est le contrepoids ?
Raphya a écrit
les contrôles annuels que subissent les familles !
Mayette a écrit
« subir » est-il vraiment le terme le plus adapté? J’ai bien conscience que ces contrôles sont considérés comme une intrusion du système que l’on a rejeté dans la famille mais il faut quand même s’assurer que l’enfant reçoit un enseignement correct ( cf le socle commun de connaissances et de compétences) et surtout, surtout, citoyen !
Tout comme Lucie-Rose, je ne suis pas contre l’instruction en famille à tout prix, et pourtant je suis professeur dans l’éducation nationale! Notre système classique est évidemment perfectible. Mais je me méfie énormément des dérives et vous n’imaginez pas ce que l’on voit quand on effectue les contrôles dans les familles! Si certaines ont des résultats qui font envie ( souvent des familles aisées où les parents ont eux-mêmes fait de très bonnes études), d’autres relèvent vraiment de la secte…
Ingrid85000 a écrit
Quand on a des petits zèbres et une école d’un niveau faible, des enseignants qui disent que « lire est une perte de temps »… face à la souffrance de ses enfants, on a pas le choix !
Lucie-Rose a écrit
Je suis tout à fait d’accord avec vous ! Maman d’un petit zèbre également, je sais combien le niveau de l’école et l’attitude des enseignants sont importants pour répondre aux besoins particuliers de ces enfants. Et je comprends – comme je le précise dans mon article – les motifs de déscolarisation pour les enfants dits précoces. De même que je préférerais la déscolarisation à la scolarisation dans une école de faible niveau (que l’enfant soit précoce ou non) si je n’avais pas d’autre solution…