Bientôt la grande pause estivale. Mais en attendant de m’évader dans ma chère Italie, il y a déjà comme un air de vacances à la maison, au cœur d’un été si gorgé de soleil qu’il me conte celui de mon enfance méridionale. Je retrouve avec délice ces petits plaisirs simples de toujours, comme seul l’été peut nous les offrir, des bonheurs fugitifs mais qui rendent la vie si délicieuse parfois…
Retrouver le plaisir de marcher pieds nus sur les tomettes fraîches de la maison, fouler le bois mouillé de la terrasse ou bien danser sur l’herbe épaisse du jardin qui fleure bon la tomate lorsqu’elle est nouvellement coupée. S’imprégner de la rosée fraîche du matin, de la douceur d’une terre humide, de la chaleur d’une margelle et goûter à la richesse des sensations qu’il y a, juste là sous mes pieds déchaussés, libérés de leurs petits souliers. Marcher pieds nus, c’est déjà lâcher prise dans une merveilleuse sensation de légèreté, libre de mes mouvements, en communion avec toutes ces textures qui m’entourent.
Sentir le soleil métamorphoser ma peau par les exquises caresses de ses rayons auxquels je ne goûte qu’avec parcimonie. Dévêtir peu à peu mon corps de cette pâleur austère de l’hiver pour m’envelopper d’un hâle doré tellement plus sensuel, et me réjouir d’avoir bonne mine tout en répudiant ces fluides teintés et autres subterfuges de maquilleuse le temps d’une saison.
M’offrir le luxe des tenues légères, du saut du lit au plus profond de la nuit. Au diable maudits collants et laine qui gratte, retrouver le plaisir des jambes et des bras nus, avec cette sensation de liberté qui me donne des ailes lorsque j’enfile mes petites robes fluides aux couleurs acidulées. Et puis à la maison, dissimulée derrière les persiennes ou au cœur de mon jardin, troquer mes habits contre un bikini… Et vivre avec ce sentiment apaisant de minimalisme.
Vivre cachée entre ombres et lumières aux heures les plus chaudes, dans une bastide aux volets presque clos, juste assez entrouverts pour laisser place à la lueur du jour tout en chassant un peu de cette moiteur que l’été exalte sans retenue. Et puis sortir de ma tanière, taquiner le soleil et défier sa chaleur écrasante, enveloppée d’une crème solaire qui sent la plage, la fleur de tiaré et le monoï. M’immerger alors avec délice dans l’eau turquoise d’une piscine divinement fraîche pour revigorer un corps devenu apathique sous la tiédeur ambiante. Barboter et prolonger le bien-être, la détente et la poésie que procure le jardin à l’ombre du parasol, en tournant les pages d’un vieux roman défraîchi tout en sirotant une eau fraîche citronnée, évitant soigneusement le moindre mouvement inutile. Me laisser bercer par le clapotis de la fontaine voisine, le chant d’une cigale égarée, la valse des abeilles sur les immenses lavandes au parfum enivrant et, la tête chancelante, poser une dernière fois les yeux sur l’olivier au tronc noueux presque centenaire, puis les fermer doucement. J’aime cette torpeur qui investit la sieste, me laisser aller, lentement devenir la proie du sommeil… La sieste, un temps de quiétude volé que j’aime percevoir, un simple moment de détente ou une courte parenthèse qui me permet de quitter mon corps le temps d’un petit somme pour mieux le retrouver, régénéré. La sieste, tout simplement un art de vivre dans l’air du temps lorsque vient l’été.
Fondre sur les petits bras nus de mon loulou trop mignon en marcel puis le voir patauger dans l’eau et rire de son rire joyeux si communicatif. Nous tenir mutuellement terriblement chaud à force de câlins et pourtant ne pas vouloir relâcher ces longues étreintes. Partir ensemble dans le verger et le voir rapporter fièrement son petit panier rempli de fruits qu’il n’acceptera de manger qu’en compotes ou confitures. L’entendre me supplier de sortir alors qu’il fait trop chaud dehors, exactement comme je le faisais à son âge. Le voir s’endormir juste en couches, la peau du ventre bien tendue après le déjeuner et le retrouver deux heures plus tard avec cette succulente odeur de poulet grillé qu’il arbore quand il fait chaud. Adorer le voir passer sa petite tondeuse et craquer lorsque pour désherber un massif, il retire une toute petite feuille qu’il jette dans le bac de compost qui fait presque deux fois sa hauteur. Le voir observer la lune, la prendre pour une chips et l’entendre me demander ce qu’elle fait dans le ciel plutôt que dans son bol d’apéro…
Déjeuner frais, très frais. Tantôt réjouir mon palais de petites gourmandises glacées régressives à souhaits, tantôt croquer à pleines dents dans cette tendre pastèque ou ce lourd melon choisis quelques heures plus tôt sur les étals d’un marché qui sent bon le thym de la Garrigue et les abricots du midi… Puis laisser l’eau sucrée envahir mes papilles et replonger dans mon enfance provençale, dans une explosion de saveurs acidulées et de couleurs fruitées. S’enivrer de rosé à l’heure de l’apéro qui s’éternise tant que la nuit ne tombe pas ou jusqu’à ce que l’odeur braisée de la fumée du barbecue donne des envies de loup de mer ou de supions grillés. Rester des heures au frais sous la tonnelle quand vient le soir, près du mûrier platane illuminé de petits lampions et refaire le monde entre amis ou juste en tête à tête avec mon amoureux. Dans le noir de ces nuits calmes d’été, m’assoir au bord de la piscine illuminée, lever les yeux au ciel, me perdre dans l’immensité de la galaxie, écouter les grillons, repérer une étoile filante et me convaincre que c’est papa qui m’adresse un clin d’œil depuis sa céleste maison…
Dans ces moments, au cœur de l’été, je pense que la vie est belle et je respire chaque instant à pleins poumons comme si c’était le dernier.
WonderMômes a écrit
Tout comme toi 😉
Lucie-Rose a écrit
Des plaisirs universels finalement…
marie a écrit
Tout simplement vivre l’instant présent !
Lucie-Rose a écrit
Tout à fait !