Ou comment travailler à domicile quand on a des enfants
Voilà quelques semaines que j’ai déserté ce petit salon de conversation virtuel. Mais j’avais tellement hâte de pouvoir à nouveau jouer de ma plume sur mon blog que je me suis échappée quelques longues minutes, le temps d’une franche explication.
La vérité c’est que je suis une home working mum et qu’une tonne de travail m’a littéralement assommée (une tonne… ça fait mal) sur cette dernière ligne droite qui mène à mon prochain diplôme. Alors plutôt que de papoter biberons et couches culottes, je suis partie enquêter sur le web et dans la vraie vie, chercher, interviewer, penser, refaire le monde ou plutôt le décrire et le décrypter. Voilà de quoi largement m’occuper, me déborder, m’ensevelir sous les papiers à rédiger. Pourtant, les concours, les études et les examens, ça me connait. Les classes préparatoires et les grandes écoles n’ont plus de secret pour moi. Et après, pendant toutes ces années de management en entreprise, j’étais dynamique, je relevais pleins de défis à la fois, j’anticipais, je déléguais et tout se passait merveilleusement bien. Mais alors que m’arrive-t-il ? Pourquoi suis-je à ce point noyée par mon travail que me voilà obligée d’écrire à 4 heures du matin pour tenir mes délais ? La maternité a-t-elle chassé mes neurones pour que je rame avec une pagaie cassée ?
J’ai rapidement identifié le grain de sable : il mesure 89 centimètres et me suit partout telle une mascotte. Dès que je travaille, il décide de squatter mon bureau, et s’il peut, au passage, atteindre l’ordinateur et appuyer sur dix touches à la fois, mon petit geek sera ravi. Et puis il n’aime pas que je me concentre sur les propos de la philosophe Hannah Arendt. Il préfère qu’on chante, c’est forcément moins ennuyeux ! Travailler avec ce lutin farceur et dictateur à mes côtés, ça se résume à essayer de déchiffrer ‘Le Pendule’ de Foucault en écoutant ‘savez-vous planter les choux’. Alors même si l’économie et la finance sont des domaines que je maîtrise plutôt bien, écrire un papier sur l’affaire Alstom-General Electric prend soudainement des heures quand toutes les cinq minutes, j’entends « maman, cherche le nez de M. Patate ».
Car être une maman qui travaille à la maison, c’est :
– réfléchir à la politique de Poutine tout en se demandant d’où vient ce silence suspect précurseur d’une honorable bêtise,
– tenter de porter un regard critique sur la corruption en Europe en essayant soi-même de ne pas se laisser corrompre par un lutin qui monnaye l’I-pad contre un gros câlin,
– rendre un vibrant hommage à Gabriel García Márquez en voyant un petit garçon dangereusement s’approcher avec son passionnant bouquin ‘P’tit Loup va sur le pot’.
– vouloir trouver un sens à notre système de protection sociale tout en jouant aux ‘tut tut bolides’ dont les chansons matraquent le cerveau pour le restant de la journée.
Mes clefs USB disparaissent comme par enchantement. Si par mégarde je laisse traîner un Stabilo Boss, Lutin s’en empare pour ajouter une touche déco toute personnelle à la maison. L’imprimante, ses boutons lumineux, ses bruits et ses cartouches d’encre le fascinent à tel point que mon mini-mécano s’entête à la tester et la démonter. Et pourtant, malgré la fatigue, les crises de nerfs et les fous rires aussi, je n’ai jamais regretté mon choix.
Quelques règles pour travailler à la maison avec un bébé ou un jeune enfant
C’est possible avec énormément un peu d’organisation…
Règle n°1 : disposer d’une pièce à part, un bureau réservé au travail
Ca permet d’indiquer à Lutin que lorsque maman est dans le bureau devant l’ordinateur, elle travaille donc il faut éviter de trop la déranger. Personnellement, mon bureau étant une grande pièce, j’y ai également installé un canapé et la maison pop-up de Lutin avec des jouets qu’il retrouve pour s’occuper (un petit moment) quand je travaille.
Règle n°2 : un PC portable est indispensable
Pour pouvoir passer d’une pièce à l’autre, de la maison au jardin, histoire que Lutin voit du pays puisque c’est entendu, il est à 90% du temps là où maman se trouve. Au passage, penser à bien sauvegarder son travail régulièrement. C’est tellement facile de se faufiler sur le fauteuil pour éteindre l’ordinateur…
Règle n°3 : habituer Lutin à jouer tout seul
Certes on joue ensemble pour éviter les frustrations et pour lancer le jeu mais j’ai aussi appris à Lutin à jouer tout seul. ‘Le jeu solitaire est une étape nécessaire qui permet au lutin de se construire dans son monde enfantin, de s’inventer des histoires et de s’approprier les règles de vie’. J’avais lu quelque chose comme ça dans un de mes livres sur la maternité et hop, j’ai testé grandeur nature. Il ne m’en fallait pas plus pour me déculpabiliser ! D’ailleurs, quel plaisir d’entendre Lutin cuisiner pour Doudou un poisson au fromage agrémenté d’une fraise ! En revanche, il est indispensable de multiplier les jouets pour que Lutin ne s’ennuie pas.
Règle n°4 : fragmenter le travail
Entre le bruit et les sollicitations incessantes, je n’arrive pas à me concentrer suffisamment pour être productive. Ainsi, les tâches qui demandent une vraie concentration s’exécutent quand bébé dort et les tâches moins prenantes intellectuellement quand lutin est en pleine forme. Cela suppose aussi renoncer à travailler pour une « pause lutin », même si la deadline est proche pour mieux travailler dans le silence nocturne de 21h00 à 4h00 du matin !
Règle n°5 : Impossible d’économiser sur les services de garde
Même si l’on est une super home working mum, il devient parfois nécessaire de se séparer de sa progéniture en bas âge pour quelques heures dans la semaine, histoire de boucler ce dossier qui était pour avant-hier, d’honorer ce rendez-vous ultra important ou de sortir la tête de l’eau tout simplement. Une crèche, une halte garderie, une mamie dans les parages… Et le tour est joué !
Règle n°6 : accepter qu’il n’y ait plus de frontière entre vie professionnelle et vie privée
Vive l’indépendance et l’autogestion ! Travailler comme on veut, où on veut (enfin presque), et quand on veut aux côtés de ses enfants. Quelle maman n’a jamais rêvé de pouvoir passer du temps avec ses enfants tout en conservant une activité professionnelle et un revenu, le tout dans le confort de son foyer ?
Revers de la médaille, il n’y a plus cette nette coupure entre travail et loisirs, entre semaine et week-end, entre journée studieuse et soirée libre. On travaille bien souvent quand on peut. La pause café du salarié est remplacée par la pause ‘étendre la lessive’. Excepté en vacances, on ne décroche jamais vraiment du boulot… Mais ça c’est aussi le lot de nombreux indépendants, professions libérales, auto-entrepreneurs. Etant très très loin des 35 heures par semaine lorsque je travaillais en entreprise, ce système me convient car je préfère désormais travailler pour moi tout en étant plus présente auprès de mon enfant. Lorsqu’il sera scolarisé, je pourrai l’accueillir juste après l’école et c’est pour moi une chance inestimable.
Règle n°7 : avoir à ses côtés un homme présent et compréhensif
qui s’investit le soir et le week-end lorsque l’état d’urgence est décrété ! Et qui n’est pas très regardant quand la maison est sans dessus dessous parce que maman travaille. Avoir un deuxième revenu dans le foyer est également primordial étant donné la possibilité aléatoire de travailler lorsque l’on gère ses enfants soi-même.
Voilà, comment on arrive à travailler à la maison avec de jeunes enfants. On ne lézarde pas au bord de la piscine, on ne rentre pas non plus à la maison à 21h45 parce que la dernière réunion s’est éternisée. On profite plus longtemps de son lutin, on a la chance de le voir grandir et en même temps on raccourcit ses nuits et ses week-ends pour rattraper son travail. Car une donnée ne varie pas, à la maison comme au bureau, le calme est la condition sine qua non d’une journée de boulot efficace !
Ce choix a résolu mon conflit intérieur entre maternité et épanouissement intellectuel et social. Mon année de home studying mum m’a ouvert les yeux sur ce qu’implique un cadre professionnel moins traditionnel, ses avantages et ses inconvénients. De l’utopie à la réalité, c’est donc désormais en toute connaissance de cause que je me lancerai dans l’aventure d’auto-entrepreneur à la fin de mon congé parental.
Ma Breizh Family a écrit
Quel courage ! Je rêve de faire pareil mais je ne m’en sent pas encore capable ! Je ne suis pas sure d’avoir les épaules assez solides !
Merde merde merde pour ton projet !
Maman raconte a écrit
Merci beaucoup !!!
maman cecilia a écrit
Bravo pour tout ce travail accompli.
En effet ,je pense que ça ne doit pas être facile tous les jours mais tu seras bientôt récompensée pour tous tes efforts…
Bon courage pour la dernière ligne droite.
Maman raconte a écrit
Je tiens le bon bout effectivement…
Anne a écrit
On dit que les mamans ne se laissent jamais abattre, qu elles ne fatiguent jamais…. La preuve ! Courage. Anne
Maman raconte a écrit
Elles ne fatiguent jamais… En apparence. Un bon anti-cernes et le tout est joué !
WonderMômes a écrit
Je travaille à la maison également, tu as bien résumé les bons et mauvais côtés, les trucs à faire pour s’en sortir ! Bon courage à toi 😉
Maman raconte a écrit
Merci à toi ! Je pense avoir trouvé le meilleur compromis (pour mon propre cas) pour concilier vie professionnelle et vie familiale épanouies.