Rêve des parents ou cauchemar des bébés ?
Jusqu’à la semaine dernière, je me demandais, perplexe, pourquoi la plupart des complexes hôteliers n’accueillaient pas dans leurs clubs enfants les lutins de moins de 4 ans, voire 3 ans pour les plus téméraires. Après tout, me demandais-je naïvement, le Baby Club est tellement prisé par les jeunes parents que c’est un manque à gagner certain pour les prestataires de services touristiques qui ne le proposent pas. J’ai donc testé la semaine dernière le Club Med de Punta Cana et son Baby Club qui accueille les lutins à partir de 4 mois. Retour sur une expérience quelques peu mitigée.
Un rêve à portée de valise…
Les voyagistes offrant des structures d’encadrement pour très jeunes lutins vous promettent de retrouver durant quelques heures votre liberté et votre insouciance, en veillant pour vous sur votre précieuse descendance. Et c’est VRAI ! Avec le Baby Club, finies les corvées de couches à changer, de siestes à surveiller ou de purées à préparer… A vous le farniente sur la plage, les excursions en bateau, le stage de voile ou la plongée en mer. Et si vous préférez la neige à la mer, la montagne vous gagnera à nouveau car vous skierez en liberté pendant que Lutin fabriquera son bonhomme de neige au Baby Club.
Une maman globalement satisfaite
Le Baby Club du Club Med de Punta Cana est plutôt bien équipé : des tables à langer, des lits bébé pour les heures de sieste, une aire de jeu sécurisée agrémentée de drôles d’animaux, d’un petit train dont tous les lutins raffolent et de l’indispensable cabane pour jouer à cache-cache, une pataugeoire avec jets d’eau, des tapis d’éveil pour les lutins miniatures, d’intrigantes poussettes rouges à 6 places, parfaites pour les promenades entre copains, un coin réservé au restaurant principal et une montagne de jouets.
Les GO* (en majorité des Haïtiennes) parlent français et chantent à loisir des comptines en français ou en créole au rythme d’instruments de musique de fortune, ce qui donne une musicalité charmante à cet ensemble anachronique. On en compte une pour quatre bébés.
Les lutins sont divisés en plusieurs groupes selon leur âge (4 à 13 mois, 14 à 23 mois, 24 à 36 mois), ce qui permet d’adapter les activités proposées.
On apprécie aussi la relative souplesse des heures de « dépôt » et de « reprise » du lutin qui ne reste souvent qu’une demi-journée en club.
Enfin, chaque parent consigne les habitudes de sa progéniture (allergies, régime alimentaire, sucette, doudou, change, etc.) et note ses instructions journalières afin que le GO* s’adapte au mieux à son jeune client. Les parents ont également droit à un rapport d’activité en fin de séance.
On regrettera cependant l’absence de temps d’adaptation en présence des parents afin que les lutins s’habituent en douceur à leur nouvel environnement (comme en crèche) et une hygiène qui pourrait être améliorée, le grand nettoyage du Baby Club étant effectué une seule fois par semaine…
Note de maman : 8 sur 10
Mais des lutins beaucoup moins ravis !
Lorsque Lutin a été inscrit au Baby Club cinq mois avant notre départ, nous avons bénéficié de l’une des dernières places disponibles, en parents chanceux que nous pensions être à l’époque ! Mais si Lutin n’est pas coopératif, le rêve tourne au cauchemar…
Aux heures charnières (dépose des bébés, fin de sieste, etc.), on entend derrière les murs du Baby Club un florilège de pleurs, une tempête de cris. Les lutins fâchés s’époumonent en cœur et c’est à qui s’égosillera le plus fort… Et si de prime abord, notre lutin chéri observait, intrigué, ses confrères s’accrochant désespérément aux bras de leurs parents à l’heure de la « dépose », il n’a pas manqué de jouer à son tour des vocalises lorsqu’il a compris le sort que ses coquins de parents lui réservaient.
A notre grand désespoir, Lutin s’est montré de moins en moins coopératif au fil des jours. A la seule vue de l’antre mystérieuse des lutins, notre presque « Deuzans » vociférait tel un diablotin « NON NON NON », aussi désespéré que ses compagnons d’infortune.
Âmes sensibles, fuyez le Baby Club ! Difficile de ne pas céder face au désespoir de sa progéniture. On repart l’estomac noué et la culpabilité aidant, quelques mamans y vont parfois de leur petite larme… Mais à ma connaissance, aucune n’a craqué face au chantage des lutins en rébellion. Vive les vacances !
Car c’est bien connu, un lutin contrarié est un redoutable stratège capable de recourir avec art à la manipulation parentale… Ainsi suis-je encore hantée par la vision de mon mini GM** en pleine tourmente lorsque je l’ai récupéré le deuxième jour : équipé de doudou et de sa sucette, mon pauvre malheureux se tenait raide comme un piquet, tout seul dans son coin, pleurant des rivières (comme ses copains d’ailleurs) dans une couche garnie de …. Hum vous avez compris. Et la GO* de rajouter « c’était un peu difficile pour Lutin aujourd’hui » avant de préciser « il n’a rien voulu manger ».
A la guerre comme à la guerre, Lutin, bien décidé à se laisser dépérir en notre absence, a donc pratiqué la grève de la faim pendant ses heures de Baby Club, nous imposant la corvée de purée à… 15h00 tous les jours.
C’est fou comme un lutin peut faire preuve de mauvaise foi à moins de deux ans ! A l’entendre, les vilaines GO le privaient de repas, les autres lutins étaient méchants (il faut dire qu’à cet âge, on n’est pas prêteur et on convoite en général le trésor de son congénère), il ne se baignait pas (tiens, tiens pourquoi le maillot est-il mouillé ?) et Doudou restait introuvable (c’est curieux, il l’avait pourtant à la main chaque fois qu’on venait le délivrer). Seule concession qu’il admettait, la promenade en poussette était sympa… Ce qui signifie qu’il raffolait de ces promenades quotidiennes ! Car au final, faisons confiance aux GO* qui rassurent les pauvres parents tourmentés : les pleurs cessent dès que les lutins entament une activité ludique…
Note de Lutin : 1 sur 10
Quand les parents capitulent 🙁
Face à notre intransigeance, Lutin a sorti en milieu de semaine l’arme ultime pour s’éloigner définitivement du Baby Club : le « Pieds Mains Bouche ». En d’autres termes, il a partagé avec quelques uns de ses congénères un charmant virus infantile qui donne pleins de petits boutons et une grosse fièvre… Ah les joies de la collectivité ! Nous avons donc déclaré forfait et récupéré notre mini GM** pour le reste du séjour. Annulé notre massage en duo réservé pour la Saint Valentin au spa de la plage, finies les régates… A la place, nous avons choisi l’activité « pédiatre ». Tiens, ça nous manquait…
En conclusion…
Le Club Med de Punta Cana propose une foule d’activités passionnantes pour les GM** de tous âges. C’est le paradis des enfants de plus de 3 ou 4 ans qui peuvent profiter à loisir des structures environnantes. En revanche, chez les plus jeunes, le « traumatisme » généré par le sentiment d’abandon prime sur la qualité des services. Certes, ce sentiment d’abandon est vécu plus péniblement si les enfants ne sont habituellement pas gardés en collectivité mais il est aussi largement présent pour les enfants habitués aux crèches. Les lutins se retrouvant sans transition dans un lieu inconnu, gardés par des étrangers, on comprend leur rébellion. En conclusion, nous attendrons que Lutin soit en âge d’être raisonné pour l’inscrire à nouveau dans un club enfant.
Et pour le prochain voyage ?
Papa a suggéré un Baby Club à plein temps chez les grands-parents. Pourquoi pas ? Oh et puis non il nous manquerait trop, on en redemande même si les vacances ne se sont pas tout à fait passées comme prévu.
* Gentil Organisateur dans le langage Club Med** Gentil Membre dans le langage Club Med
Anne a écrit
Et 15 jours aux USA ? Avec ou sans les lutins ? Anne
Maman raconte a écrit
OK pour repartir 15 jours aux USA sans les lutins quand ils auront 15 ANS !!!!